REIGNAC, REIGNYX, LE RÈGNE !




  Les Primeurs ne sont pas toujours une partie de plaisir. Goûter les vins conçus à peine 6 mois plus tôt, reste un exercice périlleux pratiqué par les "gens de la profession"  dont le palais reste inégal en terme de sensibilité, constance pour un dégustation à l'instant T qui reste réservée en matière d'annotation à une élite qui sait différencier un pied de merlot d'un cabernet franc.

Reignyx, ce grand ordonnateur de la dégustation à l'aveugle au château de Reignac, lors des Primeurs de Bordeaux 2016
      A Reignac, l'exercice est plus aisé qu'ailleurs, puisque la qualité globale des vins n'est pas due à l'effet du hasard mais bien à une maîtrise absolue des étapes nécessaires pour élaborer un vin aussi bien au vignoble et la gestion des aléas climatiques (ils ont donné  des sueurs froides en 2016) et des choix de vinification. Il suffit de lire le carnet de bord du grand manitou sur le site de Reignac, dont la plume et le pinceau doivent tout à Nicolas Lesaint alias Reignyx pour en comprendre les affres.


Ce vendredi précédant  l'ouverture de la semaine des Primeurs, le soleil tenait la barre haute aux cumulus gibouleux. Une belle et fine équipe était de nouveau réunie, entre bloggers et journalistes, avec la présence de la propriétaire et affûtée Stéphanie Vatelot, l'équipe de la propriété,  s’apprêtait  à une verticale du blanc de Reignac suivie de vins blancs étrangers soigneusement choisis dans la collection des vins du team Rolland par Dany Rolland,  ambassadrice de la Collection. Se réunir  dans le pigeonnier métamorphosé en  chais ingénieux imaginé par Yves Vatelot alias Mr Silk Epil, reste un moment qualitatif, non seulement en termes de conditions de dégustation, verres, températures et méthodes de dégustation soumis de manière collégiale, réunissant "avec et sans étiquettes".


          7 millésimes de ce blanc dont personnellement je raffole, de 2009 à 2015. Tout d'abord la constance sera remarquable, oscillant entre la finesse du tilleul, et pour le 2012, le charnu du jasmin conféré par un léger oxydatif, avec un bois totalement imperceptible  mais évoluant en notes  torréfiées,  entamant  une valse de senteurs hespéridées, mais aussi de muguet. La tension de chaque millésime restera remarquable avec une différence notable sur le 2011 élevé dans un œuf béton sur 10%  et 90% en barriques neuves   Bâtonnés sur lies pendant une durée de 8 mois par tins rotatifs Oxolin, les 55% Sauvignon Blanc 45% Semillon, 2Ha plantés sur argilo-calcaire feront merveille.



            Le 2014 emportera mon suffrage, avec son long nez à la Néfertiti, (Reignac changera-t'il la face du mondovino ?) tout en finesse et subtilité, flirtant entre le miel d'acacia et les senteurs de craie après la pluie. Il déploiera un trésor de complexité étonnante sur un blanc de Bordeaux.
Les commentaires fusent, unanimes, avec un André Fuster (En Magnum), toujours sur la retenue, qui gardent ses commentaires pour sa plume,  toujours aussi pointu sur le plan technique, un Patrick de Mari ( finaliste de championnat de France de dégustation et blogger culinaire, spécialiste du "tout cochon"),  qui sait avoir la justesse d'évaluation de vieux routier de la dégustation, comprenez l'humilité que nous servent les vrais connaisseurs, rejointe en ce sens par Dany Rolland, d'une justesse qui reflète bien 40 années d'exercice, et ce sur toute la planète.


Pas de dégustation valable à Reignac, sans dégustation à l'aveugle, ce juge de paix qui remet les compteurs à zéro et qui devrait éviter plus souvent par ailleurs d'aligner les zéros.

        Masqués, les 2009 et 2001 du Grand Vin de Reignac vont encore démontrer la supériorité des merlots sur le terroir exceptionnel argilo-graveleux et sablo-argileux, sur la croupe de luxe du plateau de Reignac. Les vins sont remarquablement construits, des monstres de fruit noir sur une trame tannique sensuelle avec une longueur qui n'en finit plus. Le 2001, d'ailleurs défraiera les chroniques vineuses avec la dégustation à l'aveugle qui le placera devant Pétrus, Lafite Rothschild, Cheval Blanc et Haut-Brion. 16 ans plus tard, il possède tout de la beauté du diable.
 Balthus 2011, me confirmera l'attrait des cuvées intégrales, tout chocolat et cerise noire,  un vin comme un dessert sur une trame minérale surprenante pour un rouge. Les Premiers Grands Crus n'ont qu'à bien se tenir.
Les blancs choisis par Dany Rolland vont nous permettre de voyager entre l'Inde, deux millésimes éclatants de Linda Flor, un San Pedro de Yaccochuya et une Grande Clotte qui nous rappelleront que le savoir-faire ont une incidence majeure sur la confection d'un vin, quelque soit la latitude.




          A table, le déjeuner servi reflète l'Art d'un savoir-vivre consommé. Le Château de Reignac, grâce à la patte de Stéphanie Vatelot,  respire la sérénité, sans tapage aucun, d'un luxe certain mais cependant discret. Dans son écrin de verdure,  une nature maîtrisée par Nicolas Lesaint donne toute sa dimension végétale. La vigne démarre une végétation ultra-précoce, le parc et ses mixed-borders donne au vert fluorescent des euphorbes une dimension presque exotique.  Yves Vatelot reste décidément l'homme de la dégustation à l'aveugle, et le Grand Vin de Reignac va de nouveau remporter les suffrages de la plupart des dégustateurs présents et arriver en tête devant Cheval Blanc (personnellement j'aurais du mal à les départager) suivi d'un Mouton Rothschild,  même millésime 2001 qui, quant à lui  révélera une bouche déviante.





Marilyn
Toutes les photos m'appartiennent en dehors de Reignyx qui déguste, oeuvre réalisée par Nicolas Lesaint que je remercie.
 L'album complet publié sur le réseau  FB Ici







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