SANG CHAUD !

Florent Barrère, fondateur de la maison de négoce Barrère&Capdevielle by Mj

Les giboulées qui criblaient le ciel parisien décidément très gris de cette fin-février n'auront pas réussi à ternir l'incroyable dégustation qui s'est déroulée dans ce que la France peut offrir de mieux en matière d'hôtellerie de luxe, le must du classicisme, le fameux Bristol en plein faubourg Saint Honoré.
Plus de 400 personnes et la fine fleur de la presse pinardière se sont ruées pour découvrir les  vins et les vignerons italiens, siciliens, espagnols et portugais en passant par l'Argentine et le mythique château Kefraya libanais,  sélectionnés sur le volet par le négoce Barrère&Capdevielle basé à Bordeaux.
 Ce négoce hors-norme doit son existence à la passion qui anime Florent Barrère, son fondateur, un fou de vins au sang chaud. Ingénieur Arts&Métiers, directeur général Poclain Espagne, il va réinventer sa vie en passant par ce qu'il a toujours aimé, les vins espagnols, les pinots noirs, tempranillos, carignans, syras et autres grenaches qui marquent l'empreinte génétique des jus ibériques. Atypique comme les vins qu'ils va distribuer ensuite, Florent va financer ses études  en jouant de la guitare dans des formations de jazz, fan absolu de Paco de Lucia mais aussi de Brice Springsteen et tombera amoureux de...flamenco. Sa passion de fou de vins le mènera tout naturellement à ce négoce qui va sélectionner ces vins exotiques issus de régions gorgées de soleil, où la vigne séculaire offre des cépages adaptés aux conditions souvent extrêmes. Son ami Jean-Sébastien  Capdevielle  qui reprend dès 2008 les 4,20 hectares de vignes de merlot et cabernet franc du domaine où il élabore deux grandes cuvée en St-Emilion Grand Cru : Château L’Evêché et Château La Chapelle Lescours, sur des sols de graves lourdes sur argiles fines et ferrugineuses, va apporter une part à la SAS en numéraire. Les vins de la société sont pratiquement  intégralement distribués  au marché français, cavistes et négoces d'exception.
Dans les salons clairs du Bristol, l'effervescence sied aux vins comme aux vignerons enchantés de parler de l'histoire de leur vignoble. Les italiens reconnaissables à leur élégance naturelle, fringants, mais aussi au tempérament volcanique vont me permettre de découvrir le carignan de Sardaigne assemblé au cabernet franc et à la syrah, avec un Montessu 13 doux et fruité à la fois, avec des épices douces de clou de girofle.
La frustration de ne pouvoir les découvrir un par un sera rééquilibrée par les master-class qui m'attendent dans une des salles à la décoration Empire qui jouxte la cour carrée de l'Hôtel, le long de couloirs clairs où l'exhalaison des orangers titille merveilleusement mes narines.
Autour de la table, une douzaine de journalistes de la presse spécialisée est présente mais aussi les cavistes  et négociants français qui distribuent avec passion ces vins exotiques que l'on ne trouve pas curieusement aisément en France. Pilotées par un Régis Hardouin, clair dans sa narration,   visiblement connaisseur, la première nous réservera 6 vins blancs italiens et un espagnol dont un Joaquin, Piante al Lapio 12, qualifié de colossal par les mêmes connaisseurs,  dont le cépage fiano est élevé 9 mois sous voile en fût de chataîgner: nez pétrolé, complexe à souhait,  de fleurs blanches hespéridées. Un OVNI dans la galaxie des vins italiens, nés sous le génie du vigneron Raffaelle Pagano entre la Campanie et l'ile de Capri. L'imagination se débride en imaginant le lieu, le vin qui y nait.
Ossian, cuvée Capitel 2014 Verdejo élevé 100% en fûts de chêne français pendant 10 mois se révèlera dans sa robe de soie couleur de lune, d'une délicatesse mentholée alliée aux effluves des acacias en fleur. Une merveille de la biodynamie dont on reconnait la rectitude en bouche inégalable.
 Le Venissa bianco 2011, issu d'une parcelle de 2HA sauvée de la grande crue de 1962 à Venise grâce à la famille Bisol révèlera par sa finesse de dentelle de Calais, l'idendité unique d'une cépage dorona miraculé. Iodé, salin, vanillé, un voyage immobile.
Né à Capri, aux incroyables parfum de thym, le vin maquisard, monolithique, de Joaquin, d'All Isola né sur l'isle de Capri assemblage de 5 cépages indigènes, isola, biancolella, greco, falanghina, ciunchesa révèlera la complexité du terroir volcanique qui l'a vu naitre.
Querciabella, cuvée Batar 02 est bel et bien né. Malgré un nez fermé, la bouche délicate révèlera des arômes tertiaires, iodés et une longueur à n'en plus finir, remarquable assemblage de chardonnay et pinot blanc, cultivés en biodynamie en Toscane, mémorable !

Une moustache à la Dali, aussi fringant que ses prossecos,  GianLuca Bisol va lui même présider la verticale qui nous attend de 4 Venissa bianco 10, 11, 12, 13.  Né sur la lagune de Venise, le vignoble se livrera à lui après avoir traversé un jardin et qu'il aura la surprise de découvrir un vignoble qui a résisté aux crues salées de la lagune de Venise.  Le cépage dorona "Dorona di Venezia"  
est un cépage blanc qui a des propriétés naturellement anti-fongiques. La propriétaire alors âgée de 59 ans va s'associer à la famille Bisol qui rachètera le vignoble et grâce à un ampélographe de renom,  sauvegardera 85 pieds de cépage dorona totalement disparus, grâce à la sélection massale. De ce raisin blanc doré,  de ce vin unique natif de l'isle de Mazzorbo,  va couler un jus iodé, et en fin de bouche, ce côté "colle Sécotine" des amandes, des vins oxydatifs comme je les aime, en particulier 2012. Les bouteilles à elles seules sont des oeuvres d'art rendant hommage au génie des maitres-verriers de Venise,  avec une étiquette frappée à la feuille d'or dans un contenant de 50 cl. Des 0,8 Ha plantés seuls 4000 bouteilles en seront produites. Un véritable trésor patrimonial.

Je vous livrerai la suite  dès demain de ces masterclasses qui m'ont transportée dans un voyage immobile dans une seconde édition avec entre autres,  le 100 points Parker,  la cuvée Contador  ainsi que de quelques rouges d'exception.

ICI l'album photo de cette aventure hors-normes.

Marilyn