TOUT AVAIT MAL COMMENCÉ...

2015  aura donné des sueurs froides à Bordeaux. Sophie Aribaud, technicienne auprès de  l'URAB à Grézillac (syndicat professionnel né en 1959) se remémore les épisodes alarmants du millésime : "compliqué dès le débourrement avec de grosses pluies autour du 1er Mai ensuivi de fortes températures qui n'avaient pas été annoncées : on a assisté à un retour très marqué du black rot dès 2014 avec des  foyers virulents sur l'ensemble du vignoble bordelais ainsi que le mildiou avec une modélisation annoncée de risque faible à très faible alors que l'attaque s'est avérée importante sur tous les organes de la plante, d'où l'importance de traitements adaptés et réactifs avant le 1er Mai,  la floraison étant intervenue vers le 25 Mai."

 La Consultante SOPHIE ARIBAUD                                          

 Puis des conditions idéales s'installent,  pluies et températures, mais la chaleur reviendra en force avec des températures  provoquant  stress hydrique en particulier sur les terroirs graveleux et sableux. La fenêtre météo au moment de la véraison a permis les traitements systématiques assurant le renouvellement de la protection. Les ravageurs ne seront pas en reste avec un vol de 3eme génération d’eudémis (ver de la grappe) déclenchant localement les vendanges. L'été assainira l'ensemble et se révélera idéal jusqu'aux vendanges, qui une fois de plus vont offrir des cabernets franc et sauvignon à  maturité idéale ainsi que des merlots dans un état de maturité rarement observée.

CHÂTEAU BELLEGRAVE

Jean-Marie Bouldy, propriétaire et consultant

Sur cette propriété familiale typique de Pomerol de 8,5 HA, transmise de père en fils depuis plusieurs générations, Jean-Marie Bouldy et sa famille me reçoit en cette merveilleuse journée d'été indien comme Bordeaux  peut vous en offrir, avec une lumière plus chaude, plus basse qui allonge les ombres. Bellegrave porte bien son nom, ce sol caractéristique de Pomerol, Jean-Marie en exhibe fièrement la preuve en photo représentant une coupe du sol suite à des travaux effectués sur la propriété, alternant argile, graves d'argile et sable qui donne ce goût inimitable aux pomerols. Entre les rangs comme à la table de tri, la bonne humeur est visible. Les sourires larges, même si Jean-Marie se souvient du contrôle impromptu de ses saisonniers en 2014 ( la profession embauche 300000 saisonniers ICI ) il est serein,  effectuant un retour en arrière sur le millésime sur son vignoble bio agréé Ecocert ) "Impossible pour moi de faire autrement, j'aurais l'impression de transgresser les lois de la Nature". Les grappes de raisin sont parfaitement saines, le feuillage aussi. les déchets rares, un millésime exceptionnel se prépare. Les merlots laissent la part belle au cabernets francs qui attendent leur tour.
Dans la salle de dégustation, 3 millésimes m'attendent. Un 2008 parfaitement équilibré, au nez subtil de moka, ourlée d'une bouche fine, un 2009 qui fleure bon la violette et la menthe froissée et un 2010 au nez refermé mais avec une bouche curieusement contrastée, opulente mais élégante, carrossé comme une bentley.
Au chai, qui affiche une volonté de naturel, on remarque de suite la sobriété de l'apparence propre au périgourdins dont Jean-Marie Bouldy revendique l'origine. Le parti pris du seul tonnelier Taransaud y est frappant.

Bellegrave à Pomerol

Ces vendanges 2015 bénies des dieux annoncent un millésime remarquable, souvent annoncé comme le fameux 2009.

Maintenant intervient la part des maîtres de chai et autres consultants. Rendez-vous est pris en Mars 2016.


Marilyn
  Toutes les photos m'appartiennent