HEART BREAKING

Parc Guadet, le nouvel amphithéâtre de ce festival de jazz de St Emilion
Pour beaucoup le nom de "jazz" résonne comme une musique trop intellectualisée, un brin élitiste, voire passéiste.
Pour beaucoup Saint-Emilion représente ces trop beaux villages museifiés, un peu top lissés, envahis par des meutes et de touristes et de plus pour la cité médiévale, un repaire monothéiste de cavistes  entièrement dévolus à Bacchus.
Pour beaucoup, dans le domaine de la Musique en France, les lieux sont définis, codés, sans surprise
Et pourtant, il suffit d'associer les trois ingrédients pour que,  grâce à des dingues comme  Jean-Louis Foulquier à La Rochelle, Jazz in Marciac et son Jean-Louis Guilhaumon, Dominique Renard en Saint-Emilion, la mayonnaise prenne.


Le Saint-Emilion Jazz Festival, c'est son nom, évolue chaque année depuis 4 années. Parrainé dès la première édition par le critique mondial du mondovino, autre fou de jazz, Robert Parker, le festival, étonne, détonne, résonne, suit le cours des événements et des ouragans, on se souvient de Dee Dee BridgeWater mais aussi de celui qui va interrompre brusquement l'édition 2014 quand celui-ci va s'engouffre dans les douves de la cité médiévale.
Mais le festival résiste, la passion vient à bout de tout, brave toutes les résistances, même des fragiles équilibres économiques de départ. Et les têtes d'affiche répondent chaque année présentes, riches de leur multiplicité. Le Jazz se fait soul, se fait solo, en bande, en trio, mais le Jazz est là.
Selon les envies et les goûts il se fait parfois acid, rock, avant-gardiste, dixieland au Château Pavie samedi soir, Afro-cubain, manouche, ska, smooth, soul et j'en passe. On peut compter sur le producteur Christophe Deghelt. Upper choices.
Ces journées marqueront les annales par l'atmosphère presque alanguie, très New-Orleans,  par cette chaleur suffocante brusquement oubliée par la magie des rythmes et des voix.Le charme opérera dans ce parc Guadet, offrant un spectacle à La Renoir et des ses bals-musette, avec les canotiers vissés sur les têtes.
              





Le Vendredi, l'afflux est grand au concert  de Ben l’Oncle Soul, la soirée sera chaude, les vins servis au concept de bar éphémère coulent à flot.
Plus au frais le samedi, la Salles des Dominicains  se fait l’écho du pianiste Eric Legnini mettant en scène les vins de pas moins de 8 Grands crus Classés de Saint-Emilion, dont les vignerons-passion auront choisi un style qui leur ressemble. La virtuosité du pianiste emporte la salle et colle à la peau des vins, présentés par le maître de 44 millésimes de Petrus, Jean-Claude Berrouet.


Jean-Claude Berrouet,
Claude Legnini au piano




Dehors la chaleur se fait presque tropicale, le vignoble se rétracte sous l'assaut des rayons implacables. En ce second jour, Pavie offre une image apaisée au soleil couchant, les parcelles orientées plein sud sur la côte s'étend, une vraie mer tout autour.
Pavie et grâce à ses propriétaires, les Perse et leur famille, en véritables mécènes, proposent une salle de concert que beaucoup d'artistes et de villes pourraient leur envier. Un groupe,   Sweet Dixie avait donné le ton en première partie, le champagne coule à flot, le spectacle en son entier unique de la terrasse.
La fille de Dee Dee Bridgewater, China Moses, plus douce que sa mère, moins dix mille volt, va se faire soul et blues aussi. Elle nous offrira des extraits de son prochain album, "Breaking Point" née d'une rencontre faite d'une femme aussi belle que malheureuse


China Moses



Dans la Salle des Dominicains, le dimanche,  va se préparer une surprise de taille.  Gregory Privat (piano) - Sonny Troupé (ka) – Gustav Karlstrom (voix), un trio inoubliable. Émotion de la salle palpable quand ils interprètent les morceaux choisis par 7 jeunes vignerons d'une très jeune association, Arômes de Jeunesse, qui vont voir leurs vins revus par un sommelier, bel hidalgo, qui oeuvre au Chapon Fin à Bordeaux puis mis en musique. Moments de grâce, la musique résume tout et se fait velours ou intense comme le feront les crus remarquables 2008 et 2009 des châteaux La Couspaude et Pindefleurs.

 Gregory Privat (piano) - Sonny Troupé (ka) – Gustav Karlstrom (voix),


Audrey Lauret et le sommelier Alexandre Morin


Château Pavie
Je retiendrai de ces trois jours, la diversité des émotions ressenties, une chaleur humaine et météorologique intense, de la joie, des moments de blues aussi.
Un point noir, certain food-truck qui abuse et sur les tarifs et sur le trompe-l’œil des mets présentés.
Je remercie tout particulièrement Franck Binard, fou de jazz, qui rappellera l'intervention du Conseil Général dans ce projet mais aussi des propriétés viticoles partenaires, indispensables à l'équilibre budgétaire de ce festival qui a décidément tout pour plaire.

Marilyn
Toutes les photos m'appartiennent 

                                                                                                             

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