CHARLIE À TOUT PRIX



17 victimes, 3 tueurs, 2 jours, 4 millions de français, 44 chefs d'états, 3 mots : "Je suis Charlie."
Joachim Roncin, le graphiste qui a pondu le slogan qui va porter la stupeur de millions de personnes à travers la planète n'aurait pas imaginé la vague qui va déferler sur  Twitter puis FB et finalement entrainer  une planète derrière elle, relayant non seulement le soutien à l'idée de la liberté d'expression incarnée par un petit journal moribond appartenant  aux meubles de notre chère République mais celle plus large de la Laïcité et de la Terreur.

Charlie est une hydre dont le pouvoir de régénération se multiplie mais dont les aspects différents à chaque seconde empruntent les visages de croyances multiples, de religions enkystées dans des sociétés déséquilibrées nourries par une crise économique mondiale, engendrée par des politiques sans clairvoyance, des banques qui ne s'appartiennent plus, des urbanistes sans préoccupation socio-environnementale, par une gestion  désastreuse des "minorités" ethniques et religieuses  que l'on a ostracisées et acculées trop souvent dans le sordide de banlieues après-guerre dont nous vivons un retour de manivelle magistral, d'une politique sociale désastreuse et que chaque parti se renvoie comme on le ferait du vilain petit canard.

Charlie, c'est la résistance en marche de l'anonyme qui se révolte quand on assassine ses résistants. Charlie Hebdo à y regarder de plus près, c'est de l'idée en marche, de l'agitation intellectuelle permanente. Et c'est bien cela que les frères Kouachi ont tenté d'assassiner : une idée, une liberté de penser, un regard grand ouvert sur l'absurdité de notre monde. A chaque corps qui tombe ce jour là, résonne le prix de l'absurdité. Coulibaly est un clone des monstres que nous avons su fabriquer, à grands renforts de cloisonnement, de politiques plus préoccupés par les luttes internes de pouvoir que d'une société en mal de repères qui n'a d'autres choix que de se réfugier dans la foi de religion elle-même divisée.

Sans doute tenons nous là un des maillons de la chaine du monde musulman dont la scission est historique.
Une scission qui remonte à la mort du prophète Mahomet en 632.  Les futurs chiites vont désigner Ali, gendre et fils spirituel, au nom du lien de sang.
Les Sunnites vont désigner Abou Bakr, homme du peuple, l'ami de toujours de Mahomet, au nom d'un retour aux traditions tribales.
Aujourd'hui ce monde musulman  est divisé avec les Sunnites qui représentent environ 85% répartis sur la planète.
Seuls les pays à majorité chiite aujourd'hui s'enferment dans un obscurantisme pur et dur : L'Iran, L'Irak, l'Azerbaïdjan et le Bahreïn, le Pakistan, l'Inde, l'Afghanistan, l'Arabie Saoudite, le Liban, le Yemen.  La ligne de fracture redistribue les cartes du Moyen-Orient. Chacun se confronte sur la scène politique et tente de sortir de leur marginalisation, en Irak, en Iran où les diplomates tentent d'intervenir : le nucléaire reste l'arme qui se profile sournoisement.

Depuis 1982, la liste des attentats terroristes s'allonge entre la rue des Rosiers à Paris, ceux de Bali en 2002,   les 2973 victimes  du 11 Septembre.
La Syrie est devenue l'incubateur préféré des djihadistes nés dans nos banlieues qui s'y rendent en stage comme le demandeur d'emploi à la formation continue.  Nous sommes en droit de nous demander ce que  fait la politique étrangère internationale. Nos intérêts sont clairement menacés par le chaos qui règne dans ce pays. On peut y parfaire son éducation et y trouver la parfaite panoplie pour le  tueur qui vérifie ses capacités de bon mahométan en tirant juste là où ça fait mal. Nous sommes devenus en France un soutien parfait en matière de vocation, en rejetant insidieusement ces populations que nous avons "désintégrées"

 La question qui se pose aujourd'hui est l'embrasement qui s'en suit et qui trouve en Charlie le feu qui manquait pour allumer un brasier qu'il va bien falloir éteindre.
Parce que c'est non seulement notre liberté de dire non avec un crayon et le rire que nous sommes descendus dans la rue soutenir mais aussi l'idée même du rejet de la peur.
Parce que Charlie est Liberté est c'est bien ce qu'il faut retenir parce qu'aucun fondamentaliste d'aucune sorte ne pourra nous la reprendre sans crainte d'avoir à tous nous tuer.
Je retiendrai la phrase de Patrick Pellous, chroniqueur et médecin urgentiste,  la voix troublée par le chagrin, lors de l'enquête d'"Envoyé Spécial": "Tuer Cabu, c'est comme tuer la Nature"
Et la Nature aura toujours raison de nous.


Marilyn



                                                       


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