LAME DE FOND

Alain Moueix, ici à Fonroque 

Terre, Eau, Air, Feu. Quatre éléments fondamentaux associés à l’influence des planètes, des satellites et des constellations de notre système solaire. Voilà réunies les bases incontournables de l’agriculture en biodynamie.
Il fallait réapprendre à la nature et aux hommes qui la cultivent à réintégrer les rythmes de l’univers et de la vie sur terre. Oubliée la sagesse de ces jardiniers et de leur potager, maltraités nos terroirs, pestiférés nos sous-sols, polluées nos nappes phréatiques. L’agriculture en état d’urgence.
La prise de conscience collective des consommateurs de tout grain, liée à l'absorption d’aliments saturés de pesticides, engrais et autres merveilles de l’industrie chimique est devenue une réalité économique et sociale.
La viticulture en France, commencera à réagir dans les années 90, avec l’agriculture raisonnée. Les vignerons s’inscrivent dans une démarche volontariste, sans obligations, ni contrôle. Avec Biodyvin, syndicat dissident de Demeter, les pratiques sont labellisées,  mandatées par un organisme indépendant, Ecocert. Les vignobles peuvent être reconvertis et identifiés par le consommateur.
 

ETHIQUE

Cette oeuvre n’est pas celle de doux rêveurs. À Fonroque  http://www.chateaufonroque.com/fonroque/9/philosophie.html et son voisin, Moulin du Cadet,  à Mazeyres, AOC Pomerol, Alain Moueix en initie la reconversion totale de ces Grands Crus Classés. Les premiers vins rouges certifiés en agriculture biologique naissent en 2006 dans le Bordelais. Pas de raisons commerciales au départ, mais une vraie démarche philosophique, éthique. Goethe et sa "Métamorphose des plantes" reste les références de ce viticulteur visionnaire.
 Pierre Blois à Château Moulin du Cadet, s’associe à son entreprise de réhabilitation d’un terroir : ’À un moment nous avons vu la lumière...’ De là, de qualifier ces hommes d’illuminés il faudrait oublier ce que représente leur travail profondément respectueux de l’écosystème d’un terroir. Aspersion à base de plantes, de cristaux de roches ou de matière animale, de soufre ( jusqu’à 210mg/l par la norme européenne du label Biodyvin ) d’insecticides végétaux sont l’arsenal d’une guerre toute en douceur.
Un calendrier biodynamique, écrit par Maria Thun en est l’arme redoutable. Les quatre éléments dynamisent le processus végétatif de la plante. À la terre les racines, à l’eau la feuille et les tiges, à l’air correspond la fleur et au soleil, la grappe. Associés aux interactions directes du magnétisme des planètes, le biotope, la faune retrouvent leur équilibre originel.
La Biodynamie n’a pas qu’un effet direct sur la vigne. Ce qui est bien pour la plante l'est aussi pour l’homme.
Et Alain Moueix de rappeler les maladies professionnelles directement liées aux traitements chimiques. Le travail à la vigne reprend toute sa place. L’équilibre est là,  on le retrouve dans la bouteille. À la dégustation, toute appellation confondue, les vins sont énergiques, d’une grande fraicheur et le fruit incomparable.
Christime et Eric Saurel du Domaine Montilius en appellation Côte du Rhône, biodynamistes convaincus, utilisent compost de bouse, silice de corne, achillée, ortie fermentés, appliqués selon la position des planètes.
Des travaux scientifiques effectués par le Pr Coulomb, doyen de l’université d’Avignon, démontreront l’efficacité de la méthode et de son impact direct sur la composition cellulaire de la peau du raisin. Alain Moueix rappellera au passage le coût de la recherche fondamentale.

INFLUENCE DE LA BIODYNAMIE

Inspirés par les travaux de Rudolf Steiner en 1924, lui-même inspiré par Goethe, tous ces viticulteurs mettent en pratique ses principes. La recherche de l’équilibre qui favorise la vie amène à des vins plus sincères, plus verticaux, dont la minéralité est structurée par l’expression du fruit. Le mildiou est anticipé, la plante plus forte, l’observation de l’homme constante. Cette viticulture en lien avec le cosmos considère que la nature est un tout dans lequel les interactions sont multiples et indissociables.
 Miroir reflétant les pratiques incontournables d’un troisième millénaire,  la biodynamie effectue  un retour sur le passé avec des racines ancrées dans le futur. Le vignoble en est un témoin, avec ses rangs de vigne enherbés, un aspect plus naturel, un peu comme le vin qui en découle. Il est
à souhaiter qu’à plus ou moins court terme, l’ensemble des vignobles réalise leur conversion. La pression et la demande constante du consommateur dégustateur vont rejoindre la pression économique. D’où la logique d’un comportement écologique qui rejoint la logique des marchés financiers. Il semble bien qu’en cette période de crise économique du monde viti-vinicole bordelais, l’argument de la biodynamie devient une arme redoutable. ’ Une lame de fond irréversible.’ conclue Alain Moueix, homme de résolution et de choix.

Marilyn,

     
Toutes les photos m'appartiennent