NOIR DÉSIR
Il vous prend sans prévenir et emporte tout, pire qu'un tsunami. Le procédé en est le même.
La vie coule, gironde avec ses plages de lumière qui amènent à sa beauté, vous irradie de ses instants que l'on grave à jamais dans les replis les plus tendres de notre mémoire, elle prend de la puissance en se nourrissant d'instants confortants, se charge d'électrons libres et nous propulse dans un immense cyclotron dont on voudrait interrompre le cercle infernal, nous laissant un peu pantelants.
Un tsunami né de l'intérieur, se nourrissant d'émotions multiples, de joies, de chagrins vite refoulés, de cris, de chuchotements, d'enchainements qui vous mènent jusqu'aux frontières de pays jamais foulés, de sensations inouïes, de douceur presque insupportable, de violence presque admise, d'envies rejetées au nom d'une bienséance sensée, de courants facétieux plus froids que celui de Humboldt.
Le désir est vorace. Il se nourrit de nos idéaux, de nos démons. Il apparait comme une lumière éblouissante qui vous attire et vous sombrez avec délices au rayonnement irradiant.
Les mots qu'il emploie résonnent comme une évidence mais vous emmènent vers un inéluctable dérèglement des sens, de gouffre sans fond qu'il nous faut remplir, d'une volupté vorace.
Le désir est rusé. Plus les armes sont belles et improbables plus elles sont sûres d'atteindre leur cible.
Le désir est opportuniste. Il sait nous venger de cette garce impavide qu'est la vie.
Le désir est prince dans un royaume de déséquilibre. Un moteur de rolls dans une 4L, une libellule sur le nez d'un crapaud, un Tartuffe chez Shakespeare, un Angélus dans un verre sans pied, un mythe sans réalité.
Le désir est roi, maitre qui gouverne une armée sans défense, affamée, privée de tout renfort.
Le désir est ange. Il nous frôle de ses ailes et nous le font rechercher toujours. Il nous laisse victime pantelante, aucune arme du monde ne résiste à son insoutenable douceur.
Le désir est ange de la Mort. il emporte nos résolutions, se fait fi du Vice et de la Vertu, de nos barrières de papier qu'il sait rendre futiles et éphémères et vous tue à coup sûr.
Le désir vous ramène à la vie quand tout vous semblait mort ou à l'agonie.
Le désir est le pain, le vin et le sel de nos vies. Il nous éloigne de ces chemins éculés du quotidien, de ces sombres frontières de nos pensées où le froid est polaire, stérile, où les borgnes sont rois.
Marilyn
Toutes les photos m'appartiennent.
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