LE ROUGE ET LE NOIR





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                       Un assemblage mathématique improbable, une chimie explosive. Un hasard qui ne devrait pas avoir lieu mais qui opère comme le ferait le jus d'une récolte dans le fond de la cuve, mais quand la Part du Diable impose sa loi à celle de l'Ange.
Une alchimie détonnante qui plonge l'Amoureux transi dans un abime de délice, où les raisins de la colère vont le faire basculer dans un maelström de sentiments obscurs décuplés par les désirs inassouvis.
Rouge est la couleur de sa passion et noire celle de son rejet, celle de la braise sous la cendre.
Une cendre fertile où l'Amoureux entraine l'objet de sa convoitise, souffle le vent des sentiments que tout oppose pour la forcer à le rejoindre à ce même degré de sentiments qui le dépassent, qui transforment ses nuits en jours sans fin mais sans soleil et ses jours sombres comme un deuil qu'il doit faire mais ne s'y résout.

Son amour est toxique mais enferme  le fruit de sa passion  dans un jardin  étroit emmuré par des désirs vulgaires. Mais la vigne est sauvage, une vraie liane que l'on doit mener en douceur, qui déploie ses tiges et ses vrilles droit vers le ciel.
Pourtant la taille avait été réussie, le printemps déclencheur, la fleur somptueuse présageait d'un fruit plein, des baies sèveuses et gorgées.
 Personne ne domine la nature profonde des éléments, personne ne les contraint. Les orages se succèdent mais le répit permet l'espoir toujours. L'Amour ploie, résiste au abats d'eaux chaudes au début de l'averse mais glaciales ensuite. Le soleil vient sécher les baies meurtries, l'envie de panser les plaies et de croire encore. La légèreté d'aube salvatrice assèche les larmes, mais l'orage est là toujours qui guette sa proie, attend son heure, use les nerfs.
Et puis un jour de grand vent, de chaleur moite et de paroxysmes, l'orage accumule et assombrit l'horizon, avec une promesse de violence à venir.
La vigne résiste, elle en a vu d'autres, mais cette fois, l'orage sera le plus fort. Et les raisins flagellés, meurtris n'en peuvent plus, et leur promesse d'ivresse à venir, s'envolent, balayés le temps d'un éclair plus fort que les autres  blessant le ciel de son épée de Damocles.



©Mj


Le vendangeur de l'Amour ira jusqu'au bout. Des quelques grappes sauvées, il va en presser un jus noir, dont l'aigreur va le ramener à la fraicheur de ses sentiments blessés.
Mais le vin sera tiré et il va le boire jusqu'au bout et tenter d'entamer une danse pour y entrainer l'objet de son dépit.


Et d'entamer une ronde pour y enfermer à jamais ses envies d'Amour et de Haine, fruit d'un millésime inabouti, qu'on a envie d'oublier très vite mais dont la flamme si vive ne demande que peu pour se raviver, qui puise sa force dans l'abime de ses souffrances jouissives.

Marilyn
Eté 2014

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