SOURDS, AVEUGLES MAIS PAS MUETS

Bernard Burtschy, le fondateur de la Wine Dream Team photo DR


Nous allons aborder un sujet qui au final, revient à parler de l'essentiel d'un vin, son goût et rien d'autre, débarrassé du poids de son approche marketing, de la connaissance intrinsèque du vignoble et de l'équipe qui a obtenu ce même vin.
Pour en parler et surtout en avoir une véritable idée, il existe plusieurs moyens, celui de la dégustation avec ou sans étiquette. Effectuée par des professionnels, elle reflète toujours une approche personnelle sujette à de multiples influences, telle que l'éducation, l'état de santé du dégustateur et le PH de son palais, le lieu et les conditions de dégustation qui se doivent d'être irréprochables, la température de service du vin etc, tous ces paramètres qui transformeront ce fameux goût. A l'aveugle, le problème se posera autrement : beaucoup de ces mêmes paramètres seront abandonnés, au profit de ce goût délivré pur, livré à l'instant T même si le dégustateur professionnel sera toujours soumis à caution, avec toujours cette même notion d'humilité qui l'accompagnera. Une mini enquête sur le réseau FB apportera autant de réponses que d'approches différentes mais la dégustation à l'aveugle tend à créer un consensus global (lien suivant)

Sur ce principe, Le Grand Cercle des Vins de Bordeaux et son président Alain Raynaud ont bien compris la part essentielle de cette forme de dégustation et soumettra les vins des adhérents du Cercle aux membres du Grand Jury Européen créée en 1996 mais dont les membres étaient essentiellement constitués de journalistes. Aujourd'hui Bernard Burtschy, membre de la toute première heure, professeur titulaire d'une thèse de Statistiques et enseignant à Telecom Paris Tech,  journaliste chroniqueur au Figaro et dont la réputation d'intégrité n'est plus à faire va décider de récréer une nouvelle équipe baptisée la Wine Dream Team.

Le but et sa constitution reste fondamentalement différents du GJE de François Mauss, parce que  destinés à représenter la plus large palette de clients potentiels. Au nombre de 16, issue de nationalité et de catégorie socio-professionnelle distincte, l'équipe de dégustateurs  sera conviée à goûter, commenter puis annoter plus de 150 vins, livrables et ainsi donc représenter  la pluralité des appellations et ce,  à travers le millésime 2015 à Bordeaux sur les 2 rives. Pilotées par Bernard Burtschy les conditions s’avéreront idéales, sises au Château La Marzelle, GCC en Saint Emilion et confirmeront l'homogénéité globale de ce millésime 2015. Intéressante également est la véritable diversité des dégustateurs rassemblant nationalités, origines entre master of wine (MW) et acheteurs/distributeurs, cavistes/bar à vins, sommeliers, critiques et journalistes en passant par les blogueurs, propriétaires s'improvisant  dégustateurs. Étonnantes resteront les appréciations de ces mêmes dégustateurs, avec un barème de 1 à 20 suivi de coups de cœur qui confirmeront la subjectivité des goûts, aussi divers et riches de différences que le sont les vins de Bordeaux.



Ces tastings s'étaleront sur 3 journées et demies distinctes, décomposées en 5 sessions incluant vins rouges des deux rives, vins blancs secs et liquoreux, rosés et clairets.
L'analyse statistique menée par Bernard Burtshy selon les méthodes de statistique récentes multidimensionnelle (Data Mining) vérifiera la cohérence du jury et nous obtiendrons donc un classement qui nous permettra d'élaborer le style des vins:
"
L'analyse statistique fait apparaître une bonne cohérence globale du jury, par exemple, aucun ne notera fort bien un vin que es autres noteraient mal ou inversement. Cette cohérence n'implique pas que les membres du jury soient des clones des uns des autres."
Le consensus décrit est très bon lorsque tous les dégustateurs s'accordent sur le même niveau d'un vin qu'il soit plus ou moins bien noté.  Il est mauvais lorsqu'une partie des dégustateurs le note très bien, quand l'autre le note très mal, avec tous les gradations intermédiaires.



De la même manière, il est possible de représenter tous les vins rouges dégustés, les meilleurs à droite, les moins bien notés à gauche. Ceux qui sont proches de l’axe horizontal sont des vins de consensus, tous les dégustateurs sont d’accord pour les classer à leur échelle. La projection sur l’axe horizontal donne d’ailleurs le classement des vins.

Plus un vin est éloigné de l’axe horizontal, plus il est « clivant », apprécié par les uns, rejeté par les autres. Ainsi les vins du haut du graphique sont bien notés par les professionnels et moins bien noté par les autres, alors que pour ceux du bas, c’est l’inverse.


                              



                                       


Globalement l'annotation de l'ensemble de ces vins et  restera cohérente même si des avis divergent parfois radicalement.
Quelques extraits  de commentaires :
Cécile Debroas Castaigns
Concernant les vins blancs secs : craignant d’être rapidement lassée, après quelques échantillons, par les arômes variétaux du sauvignon blanc et une certaine homogénéité de goût, j’ai été agréablement surprise par la diversité des styles.
Je retiendrai les vins du Château Sainte Marie (notamment la cuvée Madlys, pour ses arômes de sucre d’orge, pêche, Reine-Claude, sa finesse et sa complexité) et le blanc du Château d’Arsac, plus exubérant, avec un nez d’agrumes, de petites fleurs blanches, et de fruits exotiques (fruit de la passion), très pur, rehaussé agréablement en bouche par une grande tension et une belle longueur.
En Sauternes : belle surprise aussi avec, semble t’il, un très beau millésime 2015 en Sauternais. Des vins très équilibrés entre fraîcheur et sucrosité, et donc plus aériens que de coutume.
Un magnifique Château Raymond Lafon, domaine que j’affectionnais déjà beaucoup, et un très beau Château de Myrat, à prix doux.
En ce qui concerne les vins rouges, mes préférences sont allées au vignobles de Pomerol, Saint-Emilion, Fronsac et Pessac-Léognan, avec un gros coup de cœur pour la finesse et la sensualité de la chair des merlots de Pomerol.
La rive gauche (Médoc), a bénéficié d’une météo moins clémente que la rive droite, avec de fortes pluies en fin d’été. Elle voit donc ses vins malheureusement un peu dilués. Evidemment, on ne peut pas en faire une généralité, mais j’y ai trouvé beaucoup de vins manquant de densité, avec des creux en milieu de bouche, lesquels contrastent souvent avec des finales tanniques et asséchantes.
Ma sensibilité personnelle va vers des vins peu chargés en bois, moins « ambitieux », avec un fruit gourmand. Je privilégie la fraîcheur et la finesse, l’élégance, aux grosses maturités et textures. J’aime les vins croquants, avec un fruit pur, à peine sublimé par un léger élevage, une chair juteuse, salivante et une belle fraîcheur en finale.
Je pense qu’à ce sujet, on est gâté par ce millésime 2015 en Bordelais. Les vins sont très accessibles dès leur mise sur le marché, avec des tannins souples et mûrs, et une bonne acidité. De plus, il semblerait que la majorité des châteaux allège petit à petit l’élevage en barrique, grâce à des bois plus fins et une chauffe modérée.
Mes coups de cœur de la Rive droite :
- Château Veyry ( Castillon-Côtes de Bordeaux)
- Château Haut-Bertinerie (Castiilon-Côtes de Bordeaux)
- Château Haut-Laroque ( Fronsac)
- Château dalem (Fronsac)
- Château Fontenil (Fronsac)
- Château Bellefon Bercier (Saint-Emilion Grand Cru Classé) +++
- Château La Marzelle (Saint-Emilion grand Cru Classé)
- Château Fonroque (Saint-Emilion Grand Cru Classé)
- Château Fombrauge (Saint-Emilion grand Cru Classé)
- Château L’Hermitage Lescours (Saint Emilion grand Cru)
- Château de Lussac ( Lussac Saint-Emilion)
- Château Vray Croix de Gay (Pomerol) +++
- Château Bourgneuf (Pomerol) +++
- Château Feytit-Clinet (Pomerol)
- Château Mazeyres (Pomerol) +++
Mes coups de cœur Rive gauche :
- Pessac Léognan et Graves :
o Château Haut-Lagrange (Pessac Léognan)
o Château Cruzeau (Pessac Léognan)
o Château Seguin (Pessac Léognan)
o Château de Cérons (Graves)
- Médoc :
o Château Lestage Simon (Haut Médoc)
o Château les Grands Chênes (Médoc)
o Château d’Arsac (Margaux)

Pedro Ballesteros Torres, Master of Wine
"Mes impressions sont très positives. Tout d'abord parce que la dégustation m'a mieux permis de comprendre le Grand Cercle et aussi le millésime (2015) dont je partage l'opinion de Bernard Burtschy, très réussi au Libournais, réussi dans les Graves et Margaux, plus compliqué dans les parties Nord Médoc. Je rajoute même que le travail devient meilleur grâce au travail sérieux, d'un très haut niveau de l'immense partie des producteurs, avec un niveau qualitatif global des membres du Grand Cercle remarquablement élevé. Il est dommage qu'à ce niveau là que celui-çi ne se dote pas d'une Charte de Qualité publique, y compris de s'exposer au scrutin de tiers, une fois le vin mis en bouteille. Je pense que le consommateur a besoin de ce type d'initiatives."

Mes vin préférés: Grand Vin de Reignac Ch Haut Bertinerie Ch des Francs Les Cerisiers Ch Fontenil Ch Moulin Haut Laroque Ch La Vieille Cure (coup de coeur) Ch Bourgneuf Ch de Chambrun Ch Siaurac Ch Bellefont-Belcier Ch Destieux (coup de coeur) Ch de Pressac Ch Fonbadet (la grande exception médocaine) Guillaume Cantau:
Coups de coeur en aveugle : - Chateau Veyry, castillon -Chateau Grand Corbin d'Espagne - Chateau Sansonnet - Chateau Soutard Cadet - Chateau Fombrauge - Chateau Malescasse - Chateau Haut Bacalan - Chateau Bourgneuf - Chateau de Lussac rge - Chateau Crabitey blanc - Chateau Myrat - Chateau Raymond Lafon "La dégustation à l'aveugle oblige le dégustateur et le vigneron à une grande humilité, ce qui ne les caractérise pas toujours... la dégustation à l'aveugle oblige aussi le dégustateur à une plus grande concentration du fait de la perte totale de repère. J'aime le fait que les dégustations à l'aveugle "bousculent"... on passe à côté ou on attribue une mauvaise note a un Vin que l'on a l'habitude d'apprécier et inversement certaines belles surprises apparaissent." Ayant pris part à cette dégustation que le Grand Cercle en son ensemble a validé -"Nous comptons en faire deux par an et présenter un millésime 10 ans en arrière pour pouvoir étendre la comparaison"- assurera Alain Raynaud, je serai littéralement scotchée par la grande disparité de certains commentaires. Personnellement j'observerai la très grande maîtrise du bois sur la vinification, quasi imperceptible à ce stade. Plus que les notes, le débriefing - qui une fois de plus démontera le savoir encyclopédique de Bernard Burtschy m’apparaîtra comme encore plus constructif sur le plan de l’homogénéité. Certains vins me marqueront par leur haute qualité. Mes coups de cœur iront pour le Château du Glanat, Château d'Arsac Château Veyry Château de Pressac Balthus Château Fontenil Château Bellefont-Belcier Château Grivière Château de Fontbadet Haut Bacalan Château Larrivaux Château Vrai Croix de Gay Château Siaurac un blanc exceptionnel (2015) Grand Vin du Château Lesparre, puis en Sauternes, un coup de cœur généralisé.  Mes remerciements à Bernard Burtschy de m'avoir intégrée à cette fine équipe, un remerciement également à Stéphanie Délecrin du Grand Cercle, le château La Marzelle pour la parfaite organisation de conditions de dégustation et au Château Siaurac et Montlabert pour leur accueil et organisation. PLUS sur LE GRAND CERCLE Marilyn Toutes les photos m'appartiennent Album complet ICI




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